L'esthétique et la cité.
"Ville Urbanisme Maroc" fête son premier anniversaire. C'est en effet le 3 mars 2006 que j'y ai publié mon premier article.
Depuis il a été visité par près de 9000 personnes qui ont lu plus de 24 000 pages. C'est peu? C'est beaucoup? Quel aura été son impact? Peu importe. Certainement infime si l'on considère l'urgence des problèmes de la ville ainsi que la complexité et les enjeux de l'urbanisme au Maroc. Ceci s'explique par l'absence de débat, par le refus de la contradiction, qui devient une culture, et par la phobie de sortir des chemins balisés.
Mais il aura probablement sensibilisé quelques visiteurs fidèles dont certains m'en parlent avec beaucoup de sincérité et je les en remercie. Il m'aura également permis, dans l'intimité de mon "isoloir virtuel", de partager mes points de vue avec beaucoup de conviction.
Certains les trouvent parfois "négatifs" (n'est-ce pas cher FVC), mais ne faut-il pas parfois porter la contradiction à son extrême pour espérer pouvoir la régler, sachant évidemment que l'urbanisme bien compris est espace de compromis permanent.
D'autres les partagent souvent (n'est-ce pas cher Benoît) à tel point que nous en parlons de façon quasi simultanée dans nos blogs respectifs, dans des contextes différents.
Mais pour les uns et pour les autres, nous partageons le même sur l'essentiel: la "TERRE", le "CIEL" et le soucis de leur sauvegarde pour le bien être de l'HOMME.
L'objet du premier article de la seconde année, l'"Esthétique" qui, quoique philosophique, détermine la qualité de vie dans la cité.
Depuis il a été visité par près de 9000 personnes qui ont lu plus de 24 000 pages. C'est peu? C'est beaucoup? Quel aura été son impact? Peu importe. Certainement infime si l'on considère l'urgence des problèmes de la ville ainsi que la complexité et les enjeux de l'urbanisme au Maroc. Ceci s'explique par l'absence de débat, par le refus de la contradiction, qui devient une culture, et par la phobie de sortir des chemins balisés.
Mais il aura probablement sensibilisé quelques visiteurs fidèles dont certains m'en parlent avec beaucoup de sincérité et je les en remercie. Il m'aura également permis, dans l'intimité de mon "isoloir virtuel", de partager mes points de vue avec beaucoup de conviction.
Certains les trouvent parfois "négatifs" (n'est-ce pas cher FVC), mais ne faut-il pas parfois porter la contradiction à son extrême pour espérer pouvoir la régler, sachant évidemment que l'urbanisme bien compris est espace de compromis permanent.
D'autres les partagent souvent (n'est-ce pas cher Benoît) à tel point que nous en parlons de façon quasi simultanée dans nos blogs respectifs, dans des contextes différents.
Mais pour les uns et pour les autres, nous partageons le même sur l'essentiel: la "TERRE", le "CIEL" et le soucis de leur sauvegarde pour le bien être de l'HOMME.
L'objet du premier article de la seconde année, l'"Esthétique" qui, quoique philosophique, détermine la qualité de vie dans la cité.
L'esthétique et la cité.
Dans l'absolu, les fondements de l'esthétique relèvent du discours philosophique sur la "beauté" de la forme, de la couleur, des proportions, du rythme, élevés à leur plus haut niveau d'abstraction. De façon plus générale, ils relèvent de l'appréciation de la beauté de l'objet, du discours ou même, à un niveau plus métaphysique, celle de l'âme et de la pensée.
Pour être plus accessible, ils ont été de tout temps traduits en "canons" ou règles qui les ramènent à une réalité sensible, à une existence. Le "nombre d'or", le "modulor", ou des modèles comme "La Naissance de Vénus", à travers laquelle le peintre et sculpteur italien Sandro Botticelli a donné sa représentation de la femme idéalement proportionnée, en sont quelques-uns.
Ces "canons" dépendent évidemment des périodes, donc des cultures, des civilisations et des idéologies qui les ont produites. Ils varient selon la représentation individuelle et collective, aussi bien avant-gardistes que rétrogrades, de la "beauté" dans une société. Ils constituent cependant des modes, souvent éphémères, jusqu'à ce qu'ils subissent le test de l'histoire et tendent vers ce qui pourrait être l'idéal de la "beauté absolue".
L'histoire de l'art et de l'architecture a connu des périodes pendant lesquelles des Etats, des mouvements ou des écoles artistiques et philosophiques ont tenté de réglementer et de normaliser les canons d'esthétique pour cadrer le goût et le mode de vie des sociétés. Mais jamais ils n'ont pu empêcher l'expression de femmes et d'hommes, individuellement ou collectivement, qui a permis à l'humanité d'échapper au syndrome de la pensée unique.
Le Maroc a connu des périodes similaires pendant les deux premières et les deux dernières décennies du vingtième siècle, avec des fondements idéologiques complètement différents. L'une était caractérisée par le choix politique franc et volontaire d'utiliser des cannons esthétiques emprunté au patrimoine traditionnel. L'autre est tombée dans le piège de la recherche ambigue d'une conciliation forcée entre la "tradition" et la "modernité".
Lyautey et Prost ont instauré des commissions municipales d'esthétique au début du vingtième siècle pour protéger et perpétuer l'héritage architectural dans les nouvelles villes en construction afin d'éviter leur Haussmannisation comme cela a été le cas en Algérie notamment. Elle ont fonctionné, sous la supervision directe des architectes de génie qui composaient l'équipe Prost, sur la base d'un référentiel extrêmement riche puisé dans ce qui fut l'occident musulman de Tunis à Grenade. Ces commissions ont contribué à la confection d'une ville dont on a encore des témoignages vivants.
Aujourd'hui, ces commissions sont très loin de constituer une référence en architecture. Elles travaillent sans aucun référentiel au gré du goût, souvent volatil et fluctuent, des personnes qui les composent. Elles ne servent à aucune autre chose que de donner bonne conscience aux responsables de la chose urbaine et ont, quant à elles, contribué à la confection de la ville que nous subissons aujourd'hui.
Mais dans tous les cas, la beauté ne se décrète pas, elle ne se réglemente pas. Elle existe dans l'absolue et l'Homme est dans sa quête permanente, par sa façon d'être, son architecture, sa musique, sa poésie, ses costumes, sa cuisine. Et son espace de vie dépend étroitement de la cohérence et de la sérénité dans cette quête.
Dans l'absolu, les fondements de l'esthétique relèvent du discours philosophique sur la "beauté" de la forme, de la couleur, des proportions, du rythme, élevés à leur plus haut niveau d'abstraction. De façon plus générale, ils relèvent de l'appréciation de la beauté de l'objet, du discours ou même, à un niveau plus métaphysique, celle de l'âme et de la pensée.
Pour être plus accessible, ils ont été de tout temps traduits en "canons" ou règles qui les ramènent à une réalité sensible, à une existence. Le "nombre d'or", le "modulor", ou des modèles comme "La Naissance de Vénus", à travers laquelle le peintre et sculpteur italien Sandro Botticelli a donné sa représentation de la femme idéalement proportionnée, en sont quelques-uns.
Ces "canons" dépendent évidemment des périodes, donc des cultures, des civilisations et des idéologies qui les ont produites. Ils varient selon la représentation individuelle et collective, aussi bien avant-gardistes que rétrogrades, de la "beauté" dans une société. Ils constituent cependant des modes, souvent éphémères, jusqu'à ce qu'ils subissent le test de l'histoire et tendent vers ce qui pourrait être l'idéal de la "beauté absolue".
L'histoire de l'art et de l'architecture a connu des périodes pendant lesquelles des Etats, des mouvements ou des écoles artistiques et philosophiques ont tenté de réglementer et de normaliser les canons d'esthétique pour cadrer le goût et le mode de vie des sociétés. Mais jamais ils n'ont pu empêcher l'expression de femmes et d'hommes, individuellement ou collectivement, qui a permis à l'humanité d'échapper au syndrome de la pensée unique.
Le Maroc a connu des périodes similaires pendant les deux premières et les deux dernières décennies du vingtième siècle, avec des fondements idéologiques complètement différents. L'une était caractérisée par le choix politique franc et volontaire d'utiliser des cannons esthétiques emprunté au patrimoine traditionnel. L'autre est tombée dans le piège de la recherche ambigue d'une conciliation forcée entre la "tradition" et la "modernité".
Lyautey et Prost ont instauré des commissions municipales d'esthétique au début du vingtième siècle pour protéger et perpétuer l'héritage architectural dans les nouvelles villes en construction afin d'éviter leur Haussmannisation comme cela a été le cas en Algérie notamment. Elle ont fonctionné, sous la supervision directe des architectes de génie qui composaient l'équipe Prost, sur la base d'un référentiel extrêmement riche puisé dans ce qui fut l'occident musulman de Tunis à Grenade. Ces commissions ont contribué à la confection d'une ville dont on a encore des témoignages vivants.
Aujourd'hui, ces commissions sont très loin de constituer une référence en architecture. Elles travaillent sans aucun référentiel au gré du goût, souvent volatil et fluctuent, des personnes qui les composent. Elles ne servent à aucune autre chose que de donner bonne conscience aux responsables de la chose urbaine et ont, quant à elles, contribué à la confection de la ville que nous subissons aujourd'hui.
Mais dans tous les cas, la beauté ne se décrète pas, elle ne se réglemente pas. Elle existe dans l'absolue et l'Homme est dans sa quête permanente, par sa façon d'être, son architecture, sa musique, sa poésie, ses costumes, sa cuisine. Et son espace de vie dépend étroitement de la cohérence et de la sérénité dans cette quête.
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