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Ville Urbanisme Maroc

Pour un nouvel urbanisme.

29 Mars 2007, 10:32am

Publié par Mohammed EL MALTI

    La ville se globalise et l'esprit des lieux, le "Genius Locci", l'essence même de l'urbanité, ont tendance à se perdre, émanation d'un déterminisme économique.

    On a de plus en plus de difficultés à se repérer dans les villes du monde entier. Elles se ressemblent de plus en plus, les espaces publics connaissent les mêmes traitements, les repères ont tendance à s'uniformiser. Les Tours Eiffel, Statue de la Liberté et autres "London Bridge", laissent de plus en plus la place aux coca-cola, Mac Donald's, Sony et autre Samsung, c'est Time Square qui prend la place de Lutèce.
 
    On a l'impression, mais ce n'est certainement pas loin de la réalité, que l'espace échappe de plus en plus à ceux qui le vivent, à ceux qui l'utilisent. Il est commandé à distance, à l'image du système économique global, par une nouvelle "supra" classe sociale, désolé de revenir à des concepts qui paraissaient révolus pour certains, qui domine les flux financiers à travers des fonds d'investissements, souvent spéculatifs, et détermine les échanges et la répartition des richesses à l'échelle planétaire à travers une poignée de multinationales.
 
    Comment peut-on expliquer la métropolisation autrement que par les besoins de concentration des lieux de pouvoir dans un espace unique d'une part et par la réaction de certaines villes pour rester dans la course d'autre part. La compétition effrénée des grandes métropoles et des zones métropolitaines à l'échelle de la planète pour l'attraction des investissements et des centres de décision en est la preuve édifiante.

    L'architecture suit également cette tendance, les logiciels de CAO aidant, elle se mondialise et s'uniformise de façon notable. On ne fait plus la différence entre un édifice construit à Casablanca, Shanghaï, Kuala Lampur, New york ou Dubaï. Elle s'exprime de façon manifeste dans les œuvres d'architectes comme la formaliste Zaha Hadid ou l'expressionniste Franck Gehry, (voir leurs derniers projets sur l'ile de Saadiyat à Abu Dhabi) dont l'architecture, sans doute de grande qualité, semble être en dehors du temps et de l'espace. Ils sont peut être les plus illustres représentant de cette école global en gestation.

    Seuls quelques bastions, encore tenus par des architectes comme Jean Nouvel ou Ricardo Bofill ou encore Richard Rogers, l'architecte iconoclaste qui vient d'obtenir le Pritzker Price 2007 résistent, et tant mieux, mais pour combien de temps. Il est à craindre qu'ils soient très vite classés parmi les manifestations personnelles que l'histoire de l'architecture a déjà connues à travers Gaudi, Wright ou Guimard. La déferlante est en train de tout mettre à plat. Nous vivons un changement de siècle qui ressemble étrangement au précédent, ou le rôle de l'école globale était joué par le "Mouvement Moderne". 

    Les villes, qui constituent aujourd'hui les principaux lieux de production et de concentration des richesses, sont par conséquent prise dans cette espèce de tourbillon incontrôlable, dans l'œil du cyclone.

    Comment réagir, si nous devions ou si nous avions encore la possibilité de réagir? Certains se révoltent parfois à l'extrême. D'autres jouent le jeu parce que ça les arrange. D'autres encore font semblant de ne pas voir ou font le dos rond espérant que la vague passe, si elle doit passer un jour. D'autres enfin, conscient de la tendance lourde de ce processus de mondialisation du visible et du vécu, tentent d'en limiter les dégâts en utilisant  sa propre dynamique.
 
    A la ville globale, ils osent opposer une ville durable. Ce sont les héritiers des mouvements de luttes urbaines que l'Europe et les Etats Unis d'Amérique ont connues pendant les années soixante et soixante et dix (voir mon article à la mémoire de Jane Jacobs). Ils ont initié un "nouvel urbanisme" ("new urbanism"), pour une ville où l'on peut se promener, qui dispose d'un réseau viaire hiérarchisé accordant la priorité au piéton. Une ville où coexistent en tout lieu et en tout moment des fonctions et des populations différentes et d'où est donc exclut toute forme de zoning exclusif. Une ville qui promeut la qualité de l'architecture et de la conception des espaces publics et revalorise les structures de voisinage qui font encore la richesse des tissus urbains de type traditionnel. Une ville qui se densifie et se développe de l'intérieur permettant ainsi une vie sociale et culturelle plus intense, avec des transports en commun intelligents. Une ville durable qui se soucie du respect de l'environnement et de son environnement. Enfin une ville où il fait bon vivre.


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B
Salut Mohammed,N'ayant pas ton email sous la main, je t'envoie un petit conseil par ce commentaire (que tu pourras effacer) à propos de ton problème de commentaires.Est-ce que l'option des commentaires ne serait pas désactivée par hasard ?Dans l'administration de ton blog, va à Configurer - Options générales - Modération - Activer les commentaires.Bonne chance
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M
Bonjour Benoît,Merci pour tes conseils, mais tout est OK du coté de l'administration de mon blog. Le problème semble être lié à la nouvelle interface overblog ou à une quelconque forme d'incompatibilité avec mon système d'exploiation (Mac 0SX). J'espère que overblog pourra un jour m'éclairer sur ce problème.
N
Bonsoir, je n'arrive plus à voir comment on peut laisser un commentaire sur ce blog, depuis le dernier rellooking...:-(
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N
BonjourBienvenue dans la Communauté MAROC. Merci de la qualité d'informations contenue dans ce blog.A bientôt.
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B
Il doit y avoir deux ans, au début de mon blog, un urbaniste suédois m'avait dit qu'au contenu de mes articles, il lui semblait que j'étais un représentant de ce courant de "New urbanism".<br /> Non seulement, je n'en avais jamais entendu parlé, mais en plus, je n'en avais pas profité pour me renseigner car je suis quelqu'un qui se méfie des grandes théories.<br /> Faudra un jour quand même que j'aille voir ça d'un peu plus près.
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